Selon le rapport officiel du ministère canadien de la santé, plus de 10 000 citoyens sont morts d’euthanasie dans ce pays en 2021. Dix fois plus qu’il y a cinq ans.
Ce chiffre a augmenté de 32 % en un an seulement, ce qui confirme qu’une fois introduits, l’euthanasie et le “suicide assisté” deviennent des normes sociales acceptées, presque des devoirs, pour ceux qui souffrent ou ont perdu la volonté de vivre.
Selon le rapport, 36 % des personnes qui ont été euthanasiées l’année dernière se considéraient comme un fardeau pour leur famille et leurs amis, tandis que plus de 1 700 personnes souffraient d’isolement et de solitude. Motivés, c’est-à-dire plus par des causes sociales et psychologiques que par la maladie, comme l’a malheureusement fait de manière retentissante, le réalisateur français Jean-Luc Godard (1930-2022) ces derniers jours.
Les détails du document publié par le ministère canadien sont également révélateurs : ils montrent ce qui pourrait se passer dans n’importe quel autre pays si certaines pratiques étaient légalisées.
Le Canada a introduit l’euthanasie et le “suicide assisté” en 2016. Initialement, l’accès était limité aux malades en phase terminale, mais en 2019, la Cour supérieure du Québec a jugé cette limite inconstitutionnelle, et par conséquent en 2021, le gouvernement fédéral a étendu ce qui était appelé par euphémisme “aide médicale à mourir” aux patients non malades en phase terminale. La loi de 2021 a également supprimé certains garde-fous, comme le délai d’attente de dix jours pour une évaluation avant une intervention chirurgicale et l’obligation de proposer l’alternative des soins palliatifs. À partir de l’année prochaine, elle étendra également la “bonne mort” aux patients souffrant uniquement de maladies mentales. Mais un pays vraiment compatissant devrait offrir autre chose qu’une injection létale aux malades et aux personnes seules. Au contraire, indique le rapport, 31 664 personnes ont été tuées de cette manière depuis l’introduction de la loi en 2016.
Ces chiffres, comparés à l’année dernière (10 064), indiquent une multiplication par dix par rapport à 2016 (1 018), et représentent 3,3 % de tous les décès enregistrés au Canada en 2021. Le chiffre varie selon la zone géographique, mais en Colombie-Britannique, près d’un décès sur vingt est désormais dû à l’euthanasie.
Le “suicide assisté” autorisé par la loi se fait par auto-administration de médicaments létaux, mais il s’agit d’une pratique rare : seulement sept cas en 2021. Presque tous les patients sont plutôt tués directement par un médecin ou une infirmière. Il s’agit aussi bien d’hommes (52,3 %) que de femmes, et l’âge moyen est de 76,3 ans : 77 ans pour les femmes et 75,6 ans pour les hommes.
L’extension de l’euthanasie aux malades en phase non terminale en vertu de la loi de 2021 l’autorise si les personnes atteintes souffrent d’une maladie définie comme “incurable” ou si elles sont handicapées et souffrent aussi bien psychologiquement que physiquement. 219 personnes qui ont été euthanasiées l’année dernière n’étaient pas en phase terminale. Comme cela n’est possible que depuis juin de cette année, les données du rapport ne portent que sur un semestre et il est donc facile de prévoir que les cas vont, au minimum, doubler.
L’âge moyen des patients en phase non terminale qui ont eu recours à l’euthanasie est de 70,1 ans, soit plus de six ans de moins que l’âge moyen des patients en phase terminale. Parmi ces décès, 37% concernent des personnes âgées de 18 à 64 ans, tandis que pour les malades en phase terminale, le chiffre est beaucoup plus faible, moins de la moitié (16,7%). Autrement dit, plus l’euthanasie est libéralisée, plus les victimes sont jeunes.
La cause la plus fréquente de souffrance, tant pour les patients en phase terminale que pour les autres, est la perte de la capacité à s’engager dans des activités significatives (86,3 %). Plus de 3 500 d’entre eux ont déclaré qu’ils se sentaient accablés par la famille, les amis ou les soignants, et (comme mentionné) plus de 1 700 ont souffert de solitude et d’isolement.
Seuls 4 % des demandes d’aide à mourir ont été refusées parce qu’elles ne répondaient pas aux critères requis, tandis qu’environ 2 % des personnes qui en avaient fait la demande initiale ont ensuite changé d’avis ou sont simplement décédées de causes naturelles plus tôt.
La maladie la plus courante parmi les malades en phase terminale est le cancer (65,6 %), tandis que parmi les malades en phase non terminale, on trouve des maladies neurologiques telles que la démence ou la maladie d’Alzheimer. L’expérience canadienne, bien que brève, confirme néanmoins qu’une fois l’euthanasie ou le “suicide assisté” introduits, les limites fixées au départ sont lentement levées, le nombre de victimes augmente et il est difficile de revenir en arrière. La même chose s’est produite en Belgique et aux Pays-Bas.
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